Developpement de la sédation audiovisuelle en cardiologie interventionnelle

Olivier Brichet, mars 2022

Vous accueillez quotidiennement en Cardiologie Interventionnelle des patients pour des interventions programmées ou en urgence relativement courtes. Il en découle pour votre équipe, une activité tendue, des prises en charges qui s’enchainent… Du côté de l’équipe, chacun connait son rôle, chacun contribue au bon déroulement des interventions, tout est en ordre. Que reste-t’il à faire ?

ob.one64 Sédation audiovisuelle en pleine intervention

Qualité de prise en charge et fluidification du parcours patient

La variable d’ajustement de la fluidification du parcours patient réside principalement dans la prise en charge de ce dernier, son accompagnement. Passer dans un tel service, que ce soit en urgence ou dans le cadre d’une programmation est bien évidemment anxiogène pour la plupart des patients. L’anxiété, le stress vont ralentir la compréhension des consignes, la réalisation de gestes attendus et ralentir certaines interventions, perturber l’enchainement de certains programmes.

A l’initiative de nombreuses équipes paramédicales, au-delà de l’hypnose médicale réalisée à la tête du patient par des personnels dûment formés, des solutions de sédation douce ont été testées pour humaniser l’accueil individuel des patients, le distraire, l’empêcher d’alimenter son stress, son angoisse et obtenir ainsi une meilleure compliance.

Des équipes ont testé la musicothérapie, les casques de réalité virtuelle avec des concepts, des philosophies différentes. Si la sédation audiovisuelle s’avère être la solution idéale, les retours d’expériences sont pour autant mitigés.

Particularités de la cardiologie interventionnelle

Si des résultats positifs sont observables pour nombre d’utilisations au sein de l’hôpital pour la plupart des solutions proposées, l’usage en Cardiologie Interventionnelle s’avère bien plus exigeant !

La réalité virtuelle 3D ne remplie pas toutes ses promesses et ce pour de nombreuses raisons :

• Temps consacré à la phase de proposition et de mise en place pour chaque patient trop long nécessitant même pour certains un second réglage de l’horizon à l’installation en salle,
• Gestes parasites induits par la 3D pour suivre le faux papillon qui part à gauche du champ de vision,
• Taille du casque qui empêche de positionner l’ampli au plus près du patient et nécessite d’augmenter l’exposition aux rayons X inutilement, qui empêche, d’autre part, un apport d’oxygène par masque, une sonde nasale,
• Un conflit entre un parcours « hypnotique » qui invite l’œil à cheminer alors que l’oreille interne de l’utilisateur perçoit parfaitement son immobilité, une vitesse de défilement des images saccadée due au poids considérable de ces mêmes images (vitesse de rafraîchissement trop faible) qui génèrent de l’inconfort voire des nausées, vomissements,
• Des contenus limités, pour la plupart artificiels, qui ne satisfont pas tous les patients, notamment les plus âgés (les plus enclins à passer en Cardiologie Interventionnelle),
• Une autonomie réduite (+/- 3 heures d’utilisation), largement insuffisante pour couvrir une journée de programme opératoire,
• Un isolement du patient lié aux contenus comme aux « bolus » artificiels, à l’utilisation de casques massifs qui surchauffent, productif d’anxiété,
• Des accessoires non adaptés aux règles d’hygiènes strictes, de qualité non médicale, sensibles aux vols parce que non dédiés (tablettes grand public, chargeurs) …

ob.one64  Sédation audiovisuelle à l’accueil du patient en attente d’intervention

Que recherche t-on?

L’objectif est d’atteindre, en fait, un état d’hypnose dissociée. Son principe est simple : si le patient conscientise parfaitement le contexte, l’univers qui peut lui être hostile (là encore par le contexte, sa faiblesse physique et/ou morale, les stimuli auditifs, visuels anxiogènes, etc…), un divertissement audiovisuel va capter l’attention du cerveau et va focaliser immanquablement l’attention sur ce contenu. Nous sommes tous égaux devant cet état de fait. Le processus de génération de stress va s’arrêter, la perception du temps écoulé, voire de la douleur perçue vont être modifiés.

Il faut, pour ce faire, distraire le patient sans pour autant l'isoler afin qu’il puisse en permanence répondre favorablement à vos stimuli et recommandations.

Certaines solutions plus récentes ont été mieux pensées que d’autres, il faut simplement les essayer en situation réelle (30mn au minimum) pour vous faire un retour d’expérience éclairé même si certains partenaires industriels vont proposer de mettre gracieusement à votre disposition certains dispositifs plus anciens sous couvert de l’utilisation préférentielle de telle ou telle référence de stent, de ballons, etc…

Des solutions plus récentes sont même pour certaines ouvertes à vos contenus, ceux de votre établissement, de votre spécialité, de votre équipe et permettent de proposer au patient entrant, de diffuser un contenu informatif sur le service qui l’accueille, la procédure qu’il va suivre, les consignes per-opératoires, un accompagnement hypnotique adapté enregistré par les professionnels formés de votre équipe, etc…

Enfin, inutile d’acheter une telle solution, l’évolution technologique est telle que l’obsolescence est trop prégnante. La propriété ne vaut rien, seul l’usage prévaut. Des solutions de location ont été spécifiquement construites par certains fabricants pour vous permettre d’utiliser chaque jour vos dispositifs incluant toutes les composantes en un seul loyer mensuel (dispositif, consommables éventuels, garantie totale, contrôle annuel, mise à jour éventuelle, droits d’auteurs, assurances éventuelles, etc…).

En conclusion, ne vous faîtes pas l’économie de tester au moins trois solutions parmi BLISS, DEEPSEN, HEALTHY MIND, HYPNO VR, MUSICARE ou RELAX by SC, privilégiez les fabricants plutôt que des distributeurs pour vous faire votre propre avis et bâtir une vraie stratégie qualitative de prise en charge ! De nombreux partenaires, fonds, associations philanthropiques seront heureuses de participer à ce type de projet.